• La pratique protéiforme (sculpture, vidéo, gravure, peinture, etc.) de Liên Hoàng-Xuân interroge la manière dont l’histoire globale, et notamment coloniale, impacte les trajectoires individuelles et affectives. À partir d’un imaginaire géographique convoquant les paysages des villes de Tunis, Saigon et Beyrouth en une même zone hybride fictionnelle, que l’artiste aime appeler le «Sud de nulle part», des dispositifs narratifs ou figuratifs s’entremêlent. Le registre lyrique de la destinée personnelle est constamment mis en tension avec le registre épique de la grande Histoire qui la contrarie, tandis que le sous-texte amoureux omniprésent est toujours énoncé depuis un récit eschatologique qui l’englobe. Les grandes traditions extra-occidentales de la poésie amoureuse sont convoquées dans son univers plastique, au même titre que des récits superstitieux ou complotistes glanés sur internet.

  • Figure active du paysage diasporique, Salem Jabou évolue à travers les rôles, élargissant son univers artistique au-delà de la musique en intégrant la photographie et la peinture comme médiums essentiels à son expression. Par l’usage de ses pratiques visuelles, il explore la notion de territoire et de chaos : la source des choses, les formes imparfaites, la multiplicité des visions successives sans qu’aucune ne prédomine, et le cours insaisissable des vécus éphémères.

  • “Les flacons, les bouteilles, les verres et les boîtes, les sacs, les cartons et les seaux… Tout ça est dans mon laboratoire, sur la table. Le physique, disent-ils. Je crois que je m’intéresse plus au psychique, à la vision. Sur l’écran dans ma tête se trouvent de la douceur, du contact, de la vitesse dans l’espace et de l’infini. Un genre de sport fait de gestes variés, de traces et d’impacts. Méticuleusement, j’assemble et je désosse. Précisément, je retranscris, je compose et j’orchestre des intentions. Un fond et une forme, bien sûr, une formule… Peut-être ? Particules flottantes, lames de fond, montagnes ou forêts, tout se fait une place ou se fait dégager. Dans le nuage de l’activité, je recentre mon énergie, je groupe mes efforts pour me concentrer sur l’efficacité d’une proposition afin que l’on puisse me lire. Je dépoussière, ravive et solutionne. Je joue de me voir dans l’immensité des équations artistiques contemporaines. Je me fais chercheur là où certain·es construisent des documentaires, je construis des lettres là où certain·es lisent les textes. Chacun choisit son rôle dans notre chaos partagé. J’espère que certain·es trouveront du plaisir à décrypter mes constructions, et même à les habiter, pourquoi pas ? Je vous retrouve vite.”

    A

La Mythologie des Bordures

VERNISSAGE vendredi 2 mai de 18h à 2h, entrée libre
Exposition collective du 2 au 24 mai 2025
Une proposition de Kaïs Dhifi
dans le cadre de la 17ème édition du
Printemps de l’Art Contemporain

À l’occasion de l’édition 2025 du Printemps de l’Art Contemporain à Marseille, Jeanne Barret donne carte blanche à Kaïs Dhifi, artiste résident depuis 2023, pour proposer une exposition collective qui réunit une sélection d’artistes nationaux et internationaux aux profils, disciplines et horizons variés, animés par une dynamique commune : la marge.

Avec Adrien Vescovi, Alain Barthélémy & Gabriel Gambini, Alan Schmalz, Alex Ayed, Alexander Rączka, Alix Desaubliaux, Antoine Leisure, Antwan Horfee, Arnaud Arini, Aurora, Beah Shin, Darla Murphy, Demi Tour de France (Marie Bouthier, Anouck Lemarquis & Arthur Clerbois), Ernesto Sartori, Fares Dhifi, Frédéric Platéus, Gillian Brett, Gwendal Coulon, Jawher Ouni, Kaïs Dhifi, Kenza Zouari, Leomi Sadler, Liên Hoàng-Xuân, Lilia Houissa, Marine Coutelas, Matthieu Clainchard, Max Kesteloot, Melchior Tersen, Myriame Dachraoui, Nicolas Momein, Pol Edouard, Renaud Morin, Salem Jabou, Souheila Ghorbel, The Wa.

“La marge est une culture, un choix, une forme d’expression, ou parfois un aléa. Consciente ou inconsciente, elle naît d’un déplacement par rapport au centre, jusqu’à devenir et affirmer sa propre singularité.

La marge échappe aux définitions : elle se vit, s’invente, mute, se métamorphose, se fantasme, s’oublie, s’affirme ou s’affronte mais avant tout, elle occupe un espace pour exister et répondre à un besoin viscéral d’affirmer des pensées ou des actes qui, sans cette perspective, n’auraient pas la même intensité.

Volontaire ou imposée, la mise en marge devient une posture qui formalise une démarche où l’essentiel n’est plus tant le sujet que sa motivation, dissipant le brouillard qui entrave l’exploration d’un univers jusqu’ici évité, car la marge aime l’inconnu.

Malgré leur mise en marge, ceux qui s’y aventurent découvrent qu’ils ne sont pas seuls. Les marges se superposent, se croisent, se confrontent et se valident entre elles, leur existence n’est pas le fruit du hasard et leurs combinaisons coexistent, puisque la marge attire la marge.

La marge est aussi vaste que la perception qu’on en a. Elle offre un potentiel infini pour engendrer des alternatives. Ceux qui évoluent dans la marge deviennent des passeurs, créant une perméabilité entre les éléments les plus cristallins de ces univers, dans un sens mais aussi dans l’autre.

Les artistes de cette exposition sont, d’une manière ou d’une autre, issus ou confrontés, à travers leurs discours, leurs choix, leurs parcours ou leurs vies, à une forme de marge. Leurs démarches sont singulières et essentiellement animées par leur non-accommodation à un centre et par la sincérité de leur expression, au risque de leur dérive sociétale.

Les œuvres présentées lors de cette exposition, créées à l’aide de techniques pluralistes et de médiums variés, évoquent des récits imaginaires dans une aura de mystère propice à l’exploration des limites subtiles, chacune invoquant sa propre mythologie de la transgression.”

Kaïs Dhifi

Exposition ouverte du mercredi au samedi de 14h à 18h, entrée libre

VERNISSAGE Vendredi 2 mai 2025, 18h-2h, entrée libre

18h : Ouverture des portes

20h : Visite commentée de l’exposition et discussion animée par Kenza Zouari, avec Liên Hoàng-Xuân, Salem Jabou et Antwan Horfee

22h30 : Session live de Térence Meunier, suivi d’un DJ set de Madame Ghorbelle (Tunis) sur le Métalia Sound System

2h : Fermeture des portes

Bar (CB et espèce) & restauration sur place (espèce) : paëlla par Céline du Maéva / option végétarienne

Kenza Zaouri

La pratique curatoriale de Kenza Zouari reflète sa fascination pour la réinvention de l’histoire de l’art, ou plutôt son avenir, à travers l’intégration de la technologie et de la narration culturelle. En tant que curatrice, elle s’engage avec ferveur à créer des plateformes met- tant en lumière des voix sous-représentées, en s’appuyant sur les nouvelles technologies et l’immensité d’Internet. Son travail privilégie la diversité et l’accessibilité, explorant des outils tels que le code, l’intelligence artificielle et la blockchain pour repenser non seulement les cadres conventionnels de la présentation artistique, mais surtout sa consommation.

Co-fondatrice de MONO, une micro-galerie dédiée à l’art numérique à Tunis et conseillère de programme artistique à la résidence artistique Mouhit à Tunis, Kenza soutient les talents émergents et promeut la valeur de l’art numérique dans la scène contemporaine. À travers ces projets ainsi que son implication dans des initiatives comme African NFT Curated DAO et Cyber Baat, elle examine les problématiques sociétales à travers le prisme de la technologie et s’efforce d’amplifier la visibilité des artistes d’Afrique et d’ailleurs.

Une sensation d'ordinateur (partie I), Térence Meunier

Térence Meunier est artiste et technicien des phénomènes micro-parlants. Il capte et façonne ses matières sonores pour les jouer en live ou les composer en studio. Depuis 2005, il signe le son de nombreux films en tant que preneur de son, et collabore à de multiples performances, installations sonores, lectures, concerts… Il explore la musique, le cinéma et l’installation sonore avec une approche à la fois sensible et technique.

Une sensation d’ordinateur est un projet de musiques microparlantes : une suite de fantaisies sur notre relation numérique au monde, où la quantification du monde, à travers les quartz vibrants, le silicium, les électrons, le cuivre et l’or hachent la continuité du monde, se heurtant à notre essence d’être vivant, parfois gauche et irrationnelle. À travers la fragilité des matières microphoniques, leurs infinies nuances et leur rusticité, se dégage une rugosité et une épaisseur inverse aux imaginaires lisses du numérique. Cette session initiera le projet par une improvisation électroacoustique, jouée sur le Métalia Sound System de Kaïs Dhifi.

Métalia Sound System, Kaïs Dhifi

Métalia Sound System est une installation artistique qui fusionne sculpture, lumière et son pour transcender les barrières linguistiques et culturelles. Autonome et dotée d’un système de diffusion sonore et lumineux de 3000 Watts à 360 degrés, le projet s’inspire des traditions sonores ancestrales, où la musique jouait un rôle fédérateur, rassemblant les individus autour de rituels symboliques et renforçant l'expression de l'identité culturelle ainsi que les liens communautaires. 

Il prend forme à travers une installation sculpturale totémique de 3,5 m de hauteur dont l’esthétique évoque le style Dekotora japonais, célèbre pour ses camions richement ornés de chromes et de lumières, souvent décorés par les ouvriers eux-mêmes et parfois surnommés "camions d'artistes". L'œuvre combine ingénierie, sculpture, composition lumineuse et création sonore pour illustrer le besoin humain fondamental de connexion et d'attachement, reflétant ainsi la quête sensorielle dans une société moderne confrontée aux défis de l’avenir.

En 2024 il a été présenté en France à la Fête des Lumières de Lyon, Pléiades Saint-Etienne et à Lumières Saint-Gervais au Mont-Blanc.

Souheila Ghorbel

Souheila Ghorbel (1992) vit et travaille à Tunis, en Tunisie. Connue sous le nom de Madameghorbelle, elle se définit comme une artiste pluridisciplinaire dont l’univers créatif gravite autour de la musique, de la vidéo et de la photographie instantanée.